Merci les militaires ?

Mona Lisa bazooka de Banksy
Mona Lisa bazooka de Banksy

Au temps du « P3 », l’uniforme déformait…
De l’armée, nous conservions tous le même souvenir. Les fameux « trois jours » à l’époque, déjà lointaine, où le service militaire était obligatoire. C’était les années 90. Ce premier contact avec la grande muette n’avait rien de passionnant. La projection d’un film de Serge Meynard « l’œil au beur (re) noir » avec Smaïn et Pascal Légitimus le soir avant de se rendre au dortoir, entre une journée marquée par des tests psychotechniques et une autre consacrée à la rencontre avec un psychiatre militaire.
En cette période, l’objectif résidait dans l’obtention d’une mention « P3 ». Oui « P3 » devant le psy en uniforme et on échappait au passage sous les drapeaux. Se faire passer pour un « fou » pour ne pas connaître les affres de la discipline de chambrée.

Franchement qui aurait pu l’imaginer ?
Les années filent, malheureusement. Les enfants arrivent heureusement. Et puis soudainement, subitement, atrocement le terrorisme s’empare de l’actualité. Quelques #JesuisCharlie plus tard, on découvre que le lieu de culte – oui un lieu de culte- est protégé par huit militaires. On est rassuré. Qui aurait pu donc envisager qu’un jour, un réformé du service – comme moi- discute avec de jeunes soldats ? De jeunes soldats postés jour et nuit devant un Centre Culturel juif que je fréquente. Les gamins apprennent à vivre avec ces garçons dévoués qui ne dorment que six heures par nuit. Ils veillent. Ils sont aux aguets. On respire, on voit là la beauté de la France surtout quand un de ses engagés habitué des chars en temps normal explique : « On est là pour être utile, on préfère être ici ! »

Et la doxa alors ?
Penser au-delà de la doxa, c’est sans doute savoir faire taire ses clichés. Admettre que dans un monde incertain, il faut parfois mobiliser les troupes. Bien entendu, ce n’est pas normal que l’on en vienne à cette formule « forteresse » des édifices présumés sensibles. Ce n’est pas normal mais en 2015, il y a des valeurs fragiles. Un jour les soldats lèveront le banc, on espère simplement que la vie continuera normalement sans cette peur tenace, sans cette crainte de voir surgir un barbare armé au milieu des rires, des prières, des discussions. Une crainte exagérée ? Peut-être. Peut-être pas.
Que l’on aimerait crier « sous les pavés la plage », que l’on aimerait hurler « il est interdit d’interdire ». En attendant, certains comme moi restent sur le « qui vive ». Un « qui vive » qui sonne comme un rempart. Un rempart pour protéger cette « Douce France », cher pays des différences à condition que le sang des innocents ne sombre pas dans l’amnésie médiatique. Au pays de Voltaire, l’armée peut aussi apporter sa contribution à la démocratie. Réflexion d’un réactionnaire en devenir ? J’assume. Le réformé a envie de croire en l’armée citoyenne ! Question de survie !

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