L’ultime rempart du vivre ensemble ?

Phone Lovers Par Banksy
Phone Lovers Par Banksy

Le vivre ensemble est devenu un vaste chantier où se croisent des déçus, des constructeurs, des destructeurs, des orateurs plus ou moins courageux et une majorité de gens perdus.
On a pourtant besoin de se relier aux autres. Mais alors, qui est le nouveau maillon du « vivre ensemble » ?

Une intuition et des hommes
C’est également cela la grande intuition du gourou Steve Jobs. Avoir compris que pour qu’Apple devienne la marque la plus rentable du monde, il fallait aussi vendre des valeurs. Posséder un iMac c’est adhérer à certaines grandes idées : aimer la sémantique épurée, avoir le sentiment d’être un militant du design, défendre un modèle d’entreprise mythique qui serait l’incarnation de l’innovation et même…
Et même l’incarnation de la rébellion.
Le « Think different » lancé en 1997 laisse entrevoir la possibilité de se distinguer en achetant, pourtant, le même IPhone que son voisin !
Les marques deviennent donc des communautés d’initiés. Le client s’engage.
Il peut s’identifier à d’autres amis consommateurs qui comme lui estiment que choisir un produit devient un acte pensé. Une façon de dire: « J’achète un produit qui ressemble à ma vision du monde » !

La garanti du minimum socialisant
Dans une société en crise, il faut éviter les sujets qui menacent. Pourquoi risquer au bureau de discuter d’un sujet politique? Imaginez que votre chef ne pense pas du tout comme vous, vous risquez d’être estampillé « infréquentable ».
Alors, en dehors des blagues, des résultats du foot, des scores des candidats de « The Voice », de quoi peut-on parler sans brader l’ambiance cordiale d’une entreprise ? Des marques ? Oui, bien entendu. Deviser sur les bonnes affaires de « vente-privee.com », s’extasier sur le « Samsung Galaxy S6 » ; c’est plus sécurisant. Mais, comment alimenter la conversation?
Les publicitaires crient « Eurêka! ». Ils ont la solution. Ils vous concoctent de magnifiques
« brand content ».
Premier objectif :
Déjouer la réticence à la publicité.
Deuxième objectif :
Vous raconter une histoire et donc contourner votre « publiphobie » en vous offrant « une publicité qui tait son nom ».
Le « brand content » se dévoile :
« Il ne s’agit plus de surprendre son public dans son quotidien (Seth Godin parle alors d’interruption marketing) afin qu’il écoute ce que vous avez à dire (on vous conseil d’hurler très fort à grand coup d’achat média) mais plutôt de chuchoter un contenu éditorial captivant en espérant que ce murmure s’amplifie au fil du buzz. Certains iront même jusqu’à sacrifier totalement l’achat d’espace (l’ATTENTION) au profit de la qualité du contenu (l’INTERET) ».
Bref, au lieu de dire  » Achetez mon parfum », vous réalisez un bon petit film capable de se déployer loin, même très loin, grâce à YouTube. Dans le film, le parfum deviendra un des éléments qui va permettre aux héros de briller. Et en plus, le spectateur utilise son temps à discuter de ces fragrances magiques, sur les réseaux sociaux.

Le lyrisme réunificateur
Parce qu’elles sont en mesure de dépeindre la vision d’un monde qui va en s’améliorant (regarder le site de Danone), les marques conquièrent une nouvelle posture. Et ce n’est donc pas un hasard si Compass spécialiste de la restauration collective en milieux scolaires, hospitaliers et professionnels affirme d’emblée que ses enseignes (Eurest, Medirest, Mediance, Scolarest) agissent pour « mieux vivre ensemble » !

Soap Opera en mode «  Toi+moi »
Au fond, n’est-ce pas la suite logique du « Soap Opera » ?
Le « Soap Opera » est en effet à l’origine :
« un programme destiné à divertir les ménagères tout en diffusant de nombreux messages publicitaires consacrés aux produits ménagers ».
Ces techniques de narration qui associent intérêts économiques et instants de distraction ont débordé de leurs cadres. Aujourd’hui, elles confèrent aux marques la capacité de créer de nouvelles concordes.
Puisqu’en plus le consommateur peut avoir son mot à dire sur le produit qu’il souhaite acheter, il n’est plus question d’être dans une relation marchande traditionnelle. Désormais, bénévolement, le client auto-génère un buzz autour de sa marque préférée avec d’autres aficionados. Comme le clame justement Oldelaf dans sa chanson « Kleenex » chaque jour il y a « D’identiques emblèmes Qui flotte sur la masse». Faut-il que ces emblèmes se transforment en propulseurs de « vivre ensemble » ?
Amis consommateurs, n’oubliez pas…
Vous êtes aussi des citoyens !

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